I. L'enquête

vezinnesreduitIl est difficile d’imaginer une enquête aussi fournie d’embûches ! Le chercheur d’aujourd’hui, ayant un nombre aussi nombreux que varié de données, peut se faire une image plus globale sur les époques qu’il étudie. Les influences, météorologiques, géopolitiques et religieuses mieux étudiées, fourmillent d’informations. L’Histoire n’a de raison d’être que si on peut la regarder d’un point de vue global et impartial. Mais la partialité est par trop humaine. L’enquête que nous menons se heurte encore aujourd’hui à certaines discriminations religieuses et au besoin, pour certains, de revendiquer la suprématie de personnages qui ont fait l’Histoire. N’oublions pas qu’ils ne sont qu’un maillon d’une chaine complexe.

A la recherche des origines

Les Stuart, donc :
D’après certains, c’est Marie Stuart qui aurait francisé le nom. Pourquoi pas !? Pourtant, le français n’était pas le même qu’aujourd’hui. N’oublions pas que l’orthographe est une invention récente, et que de tout temps les langues ont évolué. David 1er, roi d’Écosse, avait autour de lui une garde de chevaliers de plusieurs ‘’nationalités’’ dont des franciens. Les comptoirs brassaient tous types d’ethnies et donc des langues différentes. Les documents administratifs étaient rédigés en langue vernaculaire ou en latin. A noter aussi que le calendrier que nous connaissons aujourd’hui date de la fin du XVIème siècle.

La branche qui nous intéresse est moins documentée que celle des rois Stuart, et surtout controversée, notamment par l’Église catholique. Pourtant, les Stuart de Vézinnes ont laissé leurs empreintes dans l’histoire.

Sous David 1er, roi d’Écosse (de 1124 à 1158), apparaît un Walter Fitz Alan qui serait le primogéniteur des Stuart. Une partie de la politique de ce roi est notamment, de fonder des comptoirs ou Burghs, sortes de villes administratives et commerciales centralisées. Ces places fortes sont gouvernées par des chefs mercenaires (roi ou prince de tribu), à qui David 1er donne les titres de sénéchal (Stewart), comte, baron, ainsi que les fiefs qui vont avec. Ils doivent en retour lui prêter allégeance. Walter est le 1er Grand Sénéchal d’Écosse. Il a un fils, Alan Fitz Walter, (né vers 1140, mort vers 1204) ; on retrouve sa trace, car il s’engage comme croisé auprès de Richard Cœur de Lion. A son retour, il prend le titre de son père, titre qui deviendra héréditaire après la mort du père ou sa démission. Alan est le 2ème Grand Sénéchal d’Écosse. Il est lieutenant et Stewart (nous vous passons toutes les orthographes de ce titre) du petit-fils et successeur de David 1er, le roi Guillaume le Lion (1165 à 1214). Guillaume le Lion entre en pourparlers avec le roi d’Angleterre Richard Cœur de Lion (roi de 1189 à 1199) qui cherche des fonds pour organiser la troisième croisade. C’est comme cela qu’Alan Fitz Walter se retrouve aux côtés du roi d’Angleterre. Il revient en 1191 (juillet ?) et devient Grand Maître de l’Ordre du Temple d’Écosse dont il assure l’extension. Marié, peut-être deux fois, il a au moins trois enfants connus, Walter Stewart, 3ème Grand Sénéchal d’Écosse, Léonard, et Alevina, mariée au comte de Carrick.

On trouve encore plusieurs autres voies à suivre dans différents dictionnaires.
Dans le Larousse du XXème siècle, de 1928, on trouve cette définition : Stuart ou Stewart dont le nom patronymique est Fitzalan. Le normand, Alan Fitzflaald, mort en 1114, reçut le fief d’Oswestry dans le Shropshire d’Henry 1er, roi d’Angleterre (de 1100 à 1135). Son fils aîné, William (1105-1160), est l’ancêtre du comte Arundel. Le second fils de William, Walter, mort en 1177, passa en Ecosse au service du roi David 1er (qui règne en 1114) et reçut le titre de Steward d’Écosse, soit Majordome, qui resta dans la famille pendant sept générations. Walter, le sixième Stewart, épousa Marjory, fille du roi Robert Bruce, en 1315. Ils eurent un fils, le futur Robert II.

stuartrevuSi l’on suit cette branche, le primogéniteur serait Guillaume ou William FitzAlan (1105-1160), seigneur d’Oswestry, shérif du Shropshire, comte d’Arundel en 1141, premier détenteur du titre. Et son père Alain FitzFlaald (mort en 1114) serait le Sénéchal héréditaire de l’évêché de Dol (Wikipédia). C’est de leurs descendants que viennent les Rois Stuart.
Pas facile de s’y retrouver !!!
Majordome : du latin major (grand) dome ou domus (maison), grand maître de la maison des princes, grand-officier (maire du palais, préfet, premier ministre).
Pour les Stuart de Dol-de-Bretagne, Walter ou Gauthier Stuart serait le fils cadet du 5éme Sénéchal et d’Egidia (Giles), sœur de Richard de Bourg, comte d’Ulster. Seul héritier, il succède à son père comme High Steward d’Ecosse, soit Grand Sénéchal, charge héréditaire dans sa famille depuis son ancêtre et homonyme, le baron britto-normand Walter Fitzalan (mort en 1177). Celui-ci fut le 1er High Stewart d’Ecosse, fondateur de la maison Stuart, issue de la famille Fitz Alan, ou fils d’Alain en Français, et arrière-petit-fils d’Alain Dapifer, Sénéchal de Dol-de-Bretagne. Ce n’est pas forcément la branche qui nous intéresse. Vous pouvez Lire « Les Stuart et Dol-de-Bretagne », de Mme Dominique Martel, si ça vous dit.
Le mot sénéchal, d’origine Franque, issu du germain (sini-skalk selon Wikipédia) senescalcus, a pour équivalent dapifer (du latin daps, les mets, et ferre, porter), ou major regiæ domus (Larousse du XXème s. publié par Paul Augé en 1928). Il désigne d’abord celui qui a la surveillance et la direction des esclaves et de la maison du roi. A partir de 1132, cette tâche sera confiée à un baron de haute parenté à la famille régnante ; mais tout seigneur avait son sénéchal. Peut correspondre aussi au gothique Skaiks, et à l’anglo-saxon Scalc, Scealc, qui forme aussi la deuxième partie du mot maréchal (extrait du tome 13 du Grand Dictionnaire Universel du XIXème s.).
Sturt, ou Stuart, Stewart, Steward, est une des plus anciennes familles d’Écosse qui donna à ce royaume et à l’Angleterre une longue série de rois. « Elle descendrait, PROBABLEMENT, d’une famille anglo-normande, Fitz Alan, établie en Ecosse dès le XIIème siècle, et qui était majordome ou Stewart, d’où le nom de famille Stuart. »(Larousse du XXème s., éd. 1928)

Une généalogie labyrinthique

Vus par Louis de Pérussis (mort vers 1585), dans son « Histoire des guerres », les Stuart de Vézinnes se seraient battus aux côtés des Huguenots, à la bataille de Jarnac en mars 1569. L’ecclésiastique catholique et historien Le Laboureur (1623 - 1675) doute que les Stuart de Vézinnes fussent de la maison royale. Il va même jusqu’à dire que les de Vézinnes auraient usurpé ce nom, voire qu’ils seraient tous bâtards ; du moins c’est ce que ressent le Marquis d’Aubais (1686-1777 ; protestant, historien, bibliophile, généalogiste) dans les « Pièces fugitives pour servir l’histoire de France... ». Le Laboureur, en outre, donne pour prénom Jacques, à la place de Robert, et l’on comprendra dans un autre chapitre pourquoi.

Robert de Vézinnes, dont nous vous raconterons certaines anecdotes plus loin, est Huguenot. Et là notre enquête se heurte aux conflits religieux, et à la question que soulève Le Laboureur : les de Vézinnes, bâtard ou légitimes ?
De la part d’un ecclésiastique, tel que Le Laboureur, il y a peut-être partialité ? L’Église catholique, ou plutôt ses mentors, nous ont prouvé les difficultés qu’ils ont rencontrées pour ne pas perdre leur suprématie face à la Réforme. Pour Michel de la Huguerye, dans « L’Ephéméride de l’expédition Allemande en France, 1545-16088», le problème se soulève déjà. La transmission des données, au sujet de Guillaume Stuart, seigneur de Vézinnes, par exemple, est déjà une enquête en soi.
Dans « La France protestante », les frères Haag, (historiens français du protestantisme 1808-1868 & 1810-1865) nous mettent en garde, afin que nous ne le confondions pas avec Antoine de Vézins, mort en 1581. La confusion, écrivent-ils, ayant été reproduite dans les transcriptions des missives d’Henri IV (roi de France). Sous la forme Vésins, ou tantôt sous la forme Vezines, c’est, soit un diplomate, soit un capitaine. Mais comme nous allons le voir plus loin, le cumul de mandats n’était pas encore régi par une loi, et les titres prenaient de la place sur les cartes de visite. Pour en revenir à la légitimité des de Vézinnes : on trouve dans l'« Armorial historique de l’Yonne, armoiries avant 1789 » une famille de Laing, dont Claude, veuve de Jean Stuart, écuyer et seigneur de Vézinnes et Fontaine-Géry ( 1552), puis Guillaume Stuart, écuyer et seigneur de Vézinnes ( 1571), et encore Paul Stuart, chevalier seigneur de Vézinnes et de Fontaine-Géry ( 1601).

ecossaisSoldats écossais à travers les siècles (Larousse du XXe siècle).

On trouve la généalogie suivante sur le site Geneanet :
Claude de Laing épousa à Tonnerre, le 24 janvier 1526 ou 27 (suivant le calendrier julien), Jean Stuart, capitaine des gardes écossais de sa Majesté le Roi de France, François 1er. Il était frère de Robert Stuart, Maréchal d’Aubigny. Jean mourra vers 1555. Ils auront : I) Marthe ou Martine de la Croix, Dame de Quincenot ou Quincerot, mariée le 1er juillet 1571 au comte Jean de Hume de Chérisy, puis 2) Guillaume Stuart, Seigneur de Vézinnes, marié avec Roberte Haï ou Hay, mort vers 1579, puis 3) Claude Stuart, qui épousa le 11 mai 1556 Henri du Pé, seigneur de Longines et de Tannerre. Les du Pé font aussi partie de la Garde Écossaise, le frère, Hervé, épouse une demoiselle de Courtenay, de la ligne directe de Louis le Gros roi de France, et enfin 4) Robert Stuart, seigneur de Vézinnes. Les parents de Claude (épouse de Jean Stuart) sont Guillaume de Laing et de Fontaine-Géry, qui fut archer, puis lieutenant de la Garde Ecossaise, et Martine de Christom, qui sont aussi des Ecossais. Cette ligne directe s’éteint au XVIIème. Dans « Les Allemands en France et l’invasion du comté de Montbéliard », tome I de 1883, au chapitre Montbéliard envahi par les Lorrains 1587-1588, en bas de la page 37, par Alexandre Tuetey (1842-1918), on lit : « Antoine de Hume était d’origine écossaise, son père Georges de Hume, archer de la Garde Ecossaise du Roi, s’était marié à Chérisy-sous-Montréal, en Bourgogne, avec Anne de la Boissière, et avait obtenu, en juin 1534, des lettres de naturalisation, enregistrées le 12 novembre suivant à la Chambre des comptes de Dijon. Antoine de Humes, homme d’armes de la compagnie du comte de Harenc, épousa le 31 août 1571, Martine Stuart, veuve d’Etienne d’Aunai, seigneur de Quinserot, et sœur de Guillaume Stuart, gentilhomme ordinaire de la Chambre du roi (Bibli-Nat, cabinet des titres, pièces originales).
Jean de Hume devient Antoine de Humes …. Ça commence !
Poursuivons !

aubignyDans la "Revue de l’Ecole d’Anthropologie de Paris", année 1913, on trouve un article de G-Hervé sur « Les Ecossais en France » (pp. 206 à 210) : «Le Connétable Jean Stuart, comte de Darnley, est envoyé d’Édimbourg à la tête de quelques milliers de lairds (seigneurs) et de chevaliers, pour combattre dans les rangs français. Charles VII roi de France, pour le remercier, lui donne le comté de Dreux et la seigneurie d’Aubigny en Berry. Après la mort du Connétable d’Écosse, tué en 1429 à la funeste « journée des Harengs », la châtellenie d’Aubigny restera dans la famille jusqu’en 1672. Donc la famille continue !
Dès le XIème siècle, une Garde Ecossaise de 24 gentilshommes, dits archers du corps ou gardes de la manche, sont chargés de la protection du roi de France.

Le généalogiste et historien Jacob Wilhelm Imhof (né en 1651, mort en 1728), donne une approche intéressante, puisqu’il dévoile que Robert Stuart II, roi d’Écosse, mort le 19 avril 1390 du calendrier julien, avait épousé Elisabeth, fille d’Adam Moor et que de cette union, naissaient :
A) Jean comte de Carrieux               B) Robert le jeune, comte de Fife
qui devient Robert III                           et Duc D’Albanie qui épousa la fille
qui donna la lignée des rois                du comte de Lennox
Les A) seraient plutôt catholiques, et les B) plutôt réformistes. Et c’est là toute l’ampleur de la tâche, ne pas se focaliser sur une seule vision, mais bien prendre du recul pour mieux comprendre l’ensemble, surtout si on suit les dates qui sont un peu olé-olé, et les personnages confondus les uns avec les autres.
Entre nous, les chroniqueurs des époques précédentes ne nous ont pas facilité la tâche.
Si nous suivons cette généalogie, du côté de Robert le jeune, c’est-à-dire la voie B, Le comte de Fife aurait eu comme fils Mordac (Murdoch) Stuart, Duc d’Albanie, décollé en 1427, et qui avait pour épouse Isabelle, fille du comte Duncan de Lennox. Mordac et Isabelle auraient eu deux fils, Walter Stuart, décollé en 1427 ou 25 (ça dépend des histoires), avec son père et son frère, Alexandre seigneur d’Avindel (ou Avundale, mais à ne pas confondre avec Arundel, merci à James Reid-Baxter, historien). Alexandre aurait eu (on ne sait pas avec qui !) Jean Stuart, futur seigneur de Vézinnes, resté seul en 1551. Entre nous, si le père (Alexandre) est décollé en 1427, le fils reste seul en 1551 : et si l’ on fait une simple soustraction, 1427-1551, ça fait 124, on a beau parler en calendrier julien, 124 ans c’est un peu étonnant, non ? Le nôtre serait mort en 1555, c’est déjà un des premiers problèmes, car, comment en quatre ans peut-il : 1, avoir épousé Claude de Laing, 2 : fait construire son château vers 1540 à Vézinnes, et 3 : faire autant d’enfants, s’il n’était pas déjà en France ? Puis suit un grand trou, et Robert Stuart de Vézinnes nous est cité comme ayant été tué à la bataille de Jarnac le 13 mars 1569. Etant protestant, cela ne peut pas être une immaculée conception ! Les bébés éprouvette n’étaient pas encore d’actualité, donc d’où sort ce Robert ? De plus, ce Robert est-il le fils de Jean ou son frère ? Si c’est son fils, c’est plus qu’un bébé éprouvette, c’est carrément une génération spontanée. En quatre ans, faire des enfants qui sont déjà prêts au combat, on frôle la science-fiction ! Si c’est son frère, alors là….. ?!! Bref, mieux vaut suivre une autre piste. D’autant que l’on peut supposer, que cette branche de Robert (voie B), devrait être celle soupçonnée d’être des Lollards, puisqu’ils sont tous décapités ! Comme nous ne croyons pas à la résurrection des morts, une fois suffit, ce chroniqueur nous envoie dans une impasse.

 

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D'où il appert que les Stuart de Darnley puis de Vézinnes sont lointains cousins des Stuart rois d'Ecosse...

Dans la généalogie des Stuart de Vézinnes, extraite de « Pièces fugitives pour servir à l’histoire de France » recueillies par M. Menard (tome I, 1ère partie), qui regroupent des documents ayant appartenu au marquis D’Aubais, publiées en 1759 (pp 279 et 280), on trouve :

Walter Stuart, décollé en 1427, eut pour enfant :
André, Régent et Chancelier d’Écosse, qui fut le père d’Henry Stuart, seigneur d’Avindel ou d’Avondale, lequel épousa Marguerite d’Angleterre, fille d’Henry VII, veuve de Jacques IV roi d’Écosse, qui avait été mariée avec Archibald de Douglas, duquel elle fut séparée et qui mourut en 1539.
Le fils d’Henry, Alexandre Stuart, seigneur d’Avindel ou d’Avondale, aurait pu être le père de Jean Stuart, seigneur de Vézines, né vers l’an 1508 et mort en 1551. Il épousa le 24 janvier 1527, Claude Laing, fille de Guillaume de Vézines et de Martine de Christon, morte en 1551. Ils ont eu : 1) Guillaume Stuart de Vézines ; 2) Robert Stuart, tué à Jarnac en 1569 et que De Thou appelle De Vézines et qui doit être le frère de Guillaume, ainsi que ; 3) Claude Stuart, qui épousa le 11 mai 1556, Henri du Pé, seigneur de Lougines et de Tannerre ; 4) Martine Stuart qui épousa Etienne d’Aunai, seigneur de Quinserot, le 31 aout 1571, puis Antoine de Humes, seigneur de Cherisi, homme d’armes de la compagnie du comte d’Aran (ou Harangs ). Elle (Martine) testa (fit son testament) le 5 mai 1586 ; 5) Anne Stuart, mariée le 9 septembre 1582 avec Ferri de Crèvecœur, seigneur de Brosse en Tonnerrois.
Bon, eh bien là, ça se tient !! Merci au Marquis d’Aubais (Charles de Baschi, marquis d’Aubais, né à Beauvoisin le 20 mars 1686, mort en son château d’Aubais le 5 mars 1777. Bibliophile, historien, généalogiste).
Pour ce qui est des Avondale, comme dans toute autre grande famille, l’ainé des fils est seul héritier du titre, en l’occurrence, vous trouverez la liste sur Wikipédia (https://fr.qwe.wiki/wiki/Lord_Avondale). Il n’est donc pas incongru de penser que, les seigneurs de Vézinnes ont une lointaine parenté avec les Rois Stuart d’Écosse.
Jean Stuart, seigneur de Vézinnes, était écuyer puis capitaine de la Garde Ecossaise des rois de France. Il faut aussi souligner, et ce sera déterminant pour comprendre la position de chacun des chroniqueurs sur la branche des Stuart de Vézinnes, que l’archevêque de Cantorbéry, Thomas Arundel (1353-1414), est un farouche adversaire des Lollards (contestataires religieux qui éditent la première Bible vernaculaire d’Angleterre et demandent l’abolition du célibat des prêtres). Quand on apprend aussi que le Duc d’Albany, Robert Stuart, est accusé de faire partie des «iintrigants Lollards contre la dynastie des Lancastre », il est difficile de ne pas penser complot ; et de ne pas constater les influences religieuses.

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Sauf erreur ou omission, Guillaume Stuart de Vézinnes (et son frère Robert mort à Jarnac)
seraient cousins de Marie Stuart au 20e degré !

Guillaume Stuart, seigneur de Vézinnes, gentilhomme servant du roi, fut pourvu le 25 avril 1553, au lieu et place de son père. Il fut gentilhomme de la chambre du roi par lettre du 17 janvier 1580. De Thou (Jacques Auguste De Thou né le 8 /10/1553 et mort le 7/05/1617 écrit dans son « Histoire Universelle », controversée car trop pro-protestante) dit que Guillaume avait mené trois ou quatre mille Suisses en Dauphiné, pour se joindre aux Protestants de cette province et à ceux de Languedoc ; mais ils périrent presque tous au combat de la Romanche, le 19 août 1587. De Thou ajoute que Vézinnes se retira au pont de Vizille, et qu’il y fut fait prisonnier. Le marquis d’Aubais souligne un fait qui nous conforte dans la difficulté de notre enquête : « Ce qu’il y a de singulier dans la narration de ce combat, c’est que Mauroy, qui dans la  « Vie de la Valette » donne un très bon et très grand détail de cette action, ne nomme point Vézinnes. »

Jeton de Louis de la Vallette avers dJeton de Louis de la Valette revers d
Le jeton de Jean Louis de Nogaret de la Valette,
duc d'Epernon, Amiral de France.
La panoplie de l'avers illustre ses faits d'armes dans les guerres de religion.


Nous avons donc fait une recherche dans la « Généalogie historique des Mauroy, Champagne, Bourgogne » par le comte Albert de Mauroy, afin de savoir qui est ce Mauroy, et, à la page 42, au VIIIème degré, on trouve un François Mauroy ou de Mauroy, seigneur de Colaverdey, qui fut baptisé le 6/06/1563 et qui fut écuyer. On apprend aussi que, par brevet du 16/07/1588, alors qu’il n’est âgé que de 15 ans, il est retenu comme gentilhomme servant du cardinal de Guise, Archevêque de Reims, Duc et premier Pair de France, celui-là même qui donna les dates du massacre de la Saint-Barthélémy. Il est à noter aussi que, pendant la guerre de la Ligue, le château de Colaverdey fut pris par le capitaine Thierry (huguenot) puis repris par le ligueur La Valette. Deux ligueurs portent ce même nom : Jean dit « le gros », mort en 1599, et François, dont la date de la mort reste un mystère pour l’instant. Tous deux sont chevaliers de l’ordre du Saint-Esprit et à la tête d’une armée. Jean était lieutenant général sous Catherine de Médicis. En 1602 on retrouve, aux côtés des ambassadeurs des Ligues Suisses venant en France, les commissaires royaux Faye et Mauroy.
D’ailleurs, Michel de la Huguerie (protestant, agent politique, 1545-1616), dans son protocole ou journal manuscrit ‘’ Voyage des Reîtres’’ (cavaliers allemands au service du roi de France), raconte que Vézinnes était à Echelsen, entre Heidelberg et Strasbourg, le dimanche 9 août 1587. On trouve un Guillaume Stuart de Vézins, qui serait un des ambassadeurs du roi Henry III (tome III, p. 496). Nous pensons que c’est le Guillaume dont parle Théodore de Bèze et qu’il nomme Vézines et non Vézins (L’orthographe, toujours l’orthographe !). Mais il y a aussi un Vésine, capitaine Huguenot, en Suisse, envoyé par Condé en Hollande et qui serait aussi suspect au parti huguenot (un espion !). Dans «Mémoires de la Ligue, de La Huguerie » par le Baron A. de Ruble (p. 211), on lit « Guillaume Stuart de Vézins faisait partie du conseil de l’armée allemande et capitaine des cornettes du Duc de Bouillon ». Donc, lequel parla au conseil tenu à Lixim, le 26 du même mois, et le 17 octobre, lorsque les Reîtres étaient à Thouri, Fossegullon et Sauveur ? La Huguerie dit : « il (Guillaume) était fort malade et il mourut peu après ». Comment donc concilier de Thou avec Mauroy et La Huguerie ?
« Mais j’étais bien aise (écrit le marquis d’Aubais) de rapporter ce que ces trois historiens disent, afin que ceux qui en sauront plus que moi, éclaircissent cette histoire. »
Guillaume Stuart épousa en mai 1558 Roberte Haï, fille d’André Haï, seigneur de Brouilli, et de Marguerite de Culant, Dame de Savins au diocèse de Sens, et ils eurent :
1) Paul Stuart, seigneur de Vézinnes qui suit ; 2) Jacques-Jean Stuart, seigneur de Savins et de Tutigni en Brie ; 3) Marthe Stuart, femme de Guillaume, seigneur de Bois-Jancy.
1) Paul Stuart, seigneur de Vézinnes, Fontaine-Géry, Savins, etc… était gentilhomme ordinaire de la chambre du roi, par lettres du 22 janvier 1598. Il épousa, en octobre 1596, Jacqueline Pot, fille de Guiot Pot, seigneur de Chenault, près d’Orléans, et de Marie de Hangest. Il vivait le 17 janvier 1636 et eut pour enfants ; 1) Paul Stuart, seigneur de Fontaine-Géry, qui resta à la cour d’Angleterre ; 2) Françoise de Vézinnes , présentée à Remiremont en 1619 et ; 3) Nicole Stuart , donnée à la reine d’Angleterre lors de son mariage en 1625, morte à la cour d’Angleterre.

2) Jacques Stuart, seigneur de Vézinnes, épousa en 1611 Judith de Chaumont, fille de Louis seigneur d’Athiules et d’Isabelle du Breuil Montaud. Est-ce bien Jacques-Jean, ou bien un fils inconnu de Paul Stuart, seigneur de Vézinnes ?

On a cru, dit le Marquis d’Aubais, devoir rapporter ces mémoires sur Stuart, quoiqu’elles ne soient de la dernière exactitude et qu’il y ait plusieurs articles que l’on n’a pas pu concilier. Il vaut mieux apprendre à la postérité des faits, tout imparfaits qu’ils sont, que de les laisser ignorer. D’ailleurs, ceux qui ont les titres de cette branche de Stuart, voyant l’imperfection de cet article, ou le corrigeront en produisant ces titres, ou le critiqueront. De quelque manière que le public soit instruit, je serai toujours très content, pourvu qu’il le soit.

Quelques anecdotes prouvent l’existence de la branche de Jean Stuart de Vézinnes (le père), notamment les faits d’armes et politiques de ses fils, Guillaume et Robert, et de ses petits-enfants. D’autres actes divers, à son sujet et ceux de ses descendants, nous sont livrés.

Dans le « Cartulaire de l’Abbaye de Saint-Martin de Pontoise » (Val-d’Oise actuel), par J. Depoin (p. 397), il est écrit : « Louis II, l’ainé des fils de Louis I, épousa Isabelle, fille d’Alexandre du Breuil d’où : 1) Alexandre ; 2) Charles, mort jeune ; 3) Jean, tige des seigneurs de Boisgarnier et ; 4) Judith, mariée en 1611 à Jacques d’Estuert, sieur de Vézinnes (Fils de Guillaume).
Dans « Société de l’histoire protestante » du XVIIème s., on trouve : une Elisabeth du Ménil, en son vivant, femme de messire Louis de Chaumont, chevalier et seigneur d’Artieulle et Judith de Chaumont, sa fille, et en son vivant femme de messire Jacques Stuart, chevalier, seigneur de Vézines et de Sanius.
Le français n’étant pas encore ce qu’il est aujourd’hui, l’orthographe proche de la phonétique peut nous donner de fausses pistes, aussi nous allons essayer de faire en sorte de donner le plus de renseignements en prenant soin d’être assez claire dans nos anecdotes.

On trouve dans les « Recherches anecdotiques et historiques de la ville de Sens », année 1770, une Judith de Chaumont, mariée à Jacques d’Estuert seigneur de Vézines en l’an 1611 (troublant n’est-ce pas ?). Il est vrai que, près de Sens, il y avait bien un seigneur « de Voisine »… Bon ! Mais les prénoms et la date sont assez parlants, non ? Ou alors, ce serait vraiment une drôle de coïncidence. Essayez-vous à lire tout haut d’Estuert….

Si l’on se réfère à la "Revue d’Anthropologie de Paris" (11ème année, juillet 1901) et à l’article de Georges Henry Hervé (anthropologue né le 19/02/1855, mort le 16/10/1933) sur « les Ecossais en France », on peut lire : « Dans l’Yonne, aux environs de Tonnerre, on dénombre plus de vingt familles écossaises, éteintes ou subsistantes. Jean Stuart serait arrivé en 1423 avec Walter et Gautier Stud, les Stud étant la souche des Destut. »

Dans « la France protestante » (1ere éd., t IX, p. 318), on lit : « Un capitaine, Guillaume Stuart de Vézines, commandait, en 1587, les Suisses envoyés au secours des Protestants du Dauphiné » On a vu plus haut que cela n’avait pas été une réussite… Dans la même revue (2ème éd., t II, p. 1054) : « D’après De Thou, a la bataille de Dreux, en 1562, le Connétable (qui devait être Montmorency) fut fait prisonnier par Robert Stuart de Vézines. »

Connétable : depuis Philippe Auguste, le Connétable devient l’organisateur de toutes les armées. Dans l’Aquitaine anglaise, on appelait Connétable de Bordeaux, le clerc chargé de l’administration financière ; son siège se trouvait dans cette ville, dont il était le capitaine.
Le premier des connétables de France fut Albéric sous Henri 1er en 1060, on trouve à la 34ème place Jean Stuart, comte de Boucan et de Douglas, en 1424. Si vous voulez la liste complète, voir dans le Grand Dictionnaire Universel du XIXème siècle de Pierre Larousse ( t IV, p 954). C’est ce Jean Stuart, présenté à tort comme Connétable d’Écosse, que l’on retrouve cité dans la revue « Annuaire historique de l’Yonne » année 1862 (p 228), comme étant l’assiégeant du Maréchal de Chastellux, dans Cravant. Ce Stuart sera fait prisonnier à la bataille de Cravant, en 1423 (pour d’autre chroniqueurs il y aurait laissé la vie). Il est bien évident qu’au vu des dates, et ce malgré l’homonymie, Jean Stuart (1508), seigneur de Vézinnes, est un lointain cousin.

vezpav2Dans l’« Annuaire historique du département de l’Yonne » (27ème année, vol 3, de la 2ème série de l’an 1863, page 225), il est dit « En 1542, François 1er roi de France, vint à Tonnerre pendant les Fêtes de Pâques. Il y resta dix jours et logea au château de l’Hôpital. Il y reçut les ambassadeurs de Charles Quint… Il rendit visite à Jean Stuart, seigneur de Vézinnes et de Fontaine-Géry. »

Dans le « Bulletin de L’Yonne » (58ème vol., 1905), quelques petites notes :
- P. 63, - art. 823 : le 11 octobre 1535, « défaut accordé à Oger de Vuyl, demandeur en cas d’excès de vollerie, contre un serviteur de Jean Stuart, écuyer, seigneur de Vézinnes » (Archives nationales X 2a 85)

- P. 82, - art. 922 : le 3 février 1540, « Citation à comparaitre devant le bailli de Sens, adressée à Jean Stuart écuyer et seigneur de Vézinnes, pour répondre au contenu des informations faites par deux conseillers du parlement à la requête des habitants de Lignières » (Arch. N X 2a 89).

On retrouve un article dans la correspondance du maréchal de Brissac, suite à un rapport de copie d’arrêts criminels du Parlement de Paris, offert par le comte de Chastellux, et retransmis par Monsieur F Molard : « Litige à la fois civil et criminel entre les habitants de Lignières et Jean Stuart seigneur de Vézinnes, un appel du baillage d’Auxerre, par Jean de Crény écuyer. Entre le 18 novembre 1539 et le 22 octobre 1540. »

Dans les guerres de religion

A la capitulation de Tonnerre, et la marche de Condé jusqu’à Auxerre, on retrouve les Dames de Vézinnes, aux côtés du Duc et de La Duchesse d’Uzès (voir l’article de Jean Fromageot dans : Société savante 1973, ‘’Tonnerre et son Comté, des origines à la Révolution de 1789’’).

Dans « Gaspard de Coligny » par le comte Jules Delaborde (tome III, 1806-1899), on trouve :

P. 536 : Correspondance entre Jeanne d’Albret et son cousin le duc Louis de Wurtemberg : le 31 janvier 1569,
« Le Prince de Condé et Jeanne ont donné missive au seigneur de Vézinnes, afin d’empêcher les effets de la conspiration que les grands princes et potentats de la chrétienté, qui sont encore sous le joug et servitude du pape, ont faite d’anéantir et ruiner cruellement tous ceux qui, par la miséricorde de Dieu, sommes distraits de l’antéchrist romain et l’avons abandonné pour suivre la pure doctrine de l’évangile.
Le seigneur de Vézinnes à la tâche d’ouïr et de rendre. »

P. 545 : « Le cardinal supplie la reine de Navarre de bien garder le chiffre qui lui a été envoyé… D’Écosse, on pourra avoir mille à douze mille hommes, des meilleurs, suivant les avis que, sur ce, le Sieur Stuart lui a apportés. »

Dans les deux cas cela correspond à Guillaume Stuart.

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Dans les «Histoires des choses mémorables advenues en France depuis 1547 et ce jusqu’en 1597 sous Henry II» par Jean de Serre (1540-1598) :
P. 76 : le 18 décembre MDLIX : « Antoine de Miard, Président du Parlement de Paris, fut tué d’un coup de pistolet, alors qu’il retournait du palais, chez lui. Ainsi que Julien ou (Iulian) Fermé, agent de la maison Guise, tué auprès de Châbourg où était le roi… Quelques-uns furent emprisonnés en grande peine, à cause de Miard. Entre autres (furent emprisonnés) Stuart l’écossais (Robert), lequel, quoi que parent de la reine régnante, fut rudement torturé, sans qu’on ne put rien tirer de sa bouche. »

C’est à partir d’un tel témoignage que Le Laboureur assoit sa théorie sur Les Stuart de Vézinnes (que De Serre citera plus loin, p. 646, sous Henri III) : ils seraient usurpateurs et bâtards, puisque Marie Stuart serait restée sourde aux suppliques qui lui furent faites pour libérer Robert, son lointain cousin.
Mais rappelons que Robert est huguenot, et que Marie est catholique….

P. 646 : De Serre écrit : « Sous Henri III, en ce temps-là, la France était pleine de gens de guerre. Le Roy tenait une armée près de sa personne, ayant plus peur de la Ligue que d’autres ennemis. Le Duc de Joyeuse était en Guyenne avec la sienne (…). Restait une nouvelle charge à la France, l’armée étrangère, laquelle avait pour chef le Baron de Donaw, et en icelle lieutenant général pour le Roy de Navarre, le Duc de Bouillon, assisté des Sieurs de Quitry, Beauvais(…), Rambouillet, Vézines, Montlouet et autres… »

Dans « La vie de Messire Gaspar de Coligny » par F. Hotman (1524-1590), (p. 46 ; sous-titre de la p. 38 : Stuart, sieur de Vézines) il est écrit : « Quelques-uns l’ont cru frère bâtard (Robert) de Marie Stuart, Reine de France et d’Écosse, femme du Roy François II. Mais ils se sont trompés, car il descendait d’un cadet de cette maison, venu autrefois en France et qui donna origine à la branche des seigneurs de Vézines en Champagne. Ce fut lui qui assassina Antoine Mynard, président au parlement de Paris, le soir, comme il se retirait du Palais en sa maison, en l’an 1559. On dit aussi qu’il blessa à mort Monsieur le Connétable (Montmorency) à la bataille de Saint-Denis, il fut pris en celle de Cognac et mis entre les mains de quelques serviteurs de Monsieur le connétable, qui le firent mourir pour venger la mort de leur maître. »

Les Stuart, vus par Louis de Perussis dans « Histoires des guerres » (p. 104) : « Le bâtard Stuart et Chatelier, tués aux côtés des Huguenots à la bataille de Jarnac le 13 mars 1569. »

Dans : « La France protestante ou la vie des protestants français qui se sont fait un nom (…) », par Eugène Haag (1808-1868), on trouve (p. 318) :
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Stuart : Trois capitaines de ce nom vivant en France à peu près à la même époque, et probablement très proches parents, servirent la cause protestante. L’un d’eux, Paul Stuart de Caussade, sieur de Saint-Maigrin, escorta Jeanne d’Albret à la Rochelle, fut blessé au siège de Pons, en 1568, accompagna Andelot, dans le Poitou, en 1569, et mourut peu de temps après à la Rochelle.

Guillaume Stuart de Vézins ou Vézines commandait les Suisses envoyés au secours des protestants du Dauphiné, en 1587. Il fut battu au combat de la Romanche, toute sa troupe détruite et lui-même fait prisonnier. Selon le journal de La Huguerie, il y avait à la même date, dans les rangs de l’armée allemande, un sieur de Vézins, qui s’appelait aussi Guillaume ( Vol. VI, p 236) et qui mourut, dit-il, vers ce temps.

La défaite des Suisses dans le Dauphiné et l’entrée des Allemands en France, ayant eu lieu dans le même mois d’août, il faut nécessairement admettre qu’il y a quelque confusion dans les noms, mais nous n’avons aucun moyen d’éclaircir cette difficulté.

On retrouve aussi dans « Les Allemands en France et l’invasion du comté de Montbéliard par les Lorrains », par Alex Tuetey : « le 19 aout 1587, dix compagnies suisses sont emmenées en Dauphiné au secours des protestants, par Guillaume Stuart de Vézines et Cugy. Ils furent complètements défaits par La Valette, sur les bords du Drac et de l’Isère. »

On apprend aussi que Guillaume se réfugie à Montbéliard, avec sa femme, après cette défaite et le massacre de la Saint–Barthélémy (1572).
Toujours dans « les Allemands en France … » par A Tuetey (t I de 1883 ; p 36): « La ville de Montbéliard était alors un véritable foyer d’intrigues huguenotes (1587-1588), où se préparaient et s’organisaient la plupart des expéditions dirigées contre les catholiques (…), des gentilshommes étaient placés à la tête de petites armées cantonnées dans le pays de Montbéliard. Au mois d’octobre 1579, étaient réfugiés, Francis Paul de Beaujeu et un autre seigneur protestant, Guillaume Stuart de Vézines, qui commandait les compagnies détachées au corps de Clervant, qui furent défaites en Dauphiné le 29 aout 1587. »

Dans le même (p. 28) : « Louis de Jaucourt, écuyer, seigneur de Rouvray, appartenait à la noblesse Champenoise, frère de Jacques de Jaucourt, il épousa en première noce Elisabeth de la Trémouille en 1570, puis Roberte Haï, veuve de Guillaume Stuart de Vézinnes. »

Juste une petite piqure de rappel : l’année 1562 a vu le fanatisme politique et religieux porté à son paroxysme. A Sens, un clergé nombreux et puissant dirigeait l’opinion. L’ordre leur fut donné par l’archevêque, Louis 1er de Lorraine, Cardinal de Guise (né le 21/10/1527 à Joinville, mort le 29/03/1578), d’exterminer tous les Huguenots présents dans la cité pendant les journées du 12 au 20 avril 1562. Ce massacre fut exécuté par une population catholique, avec une fureur impitoyable. Certains chroniqueurs relatent que le simple fait d’avoir fait commerce avec un Huguenot suffisait à vous faire écharper. Les enfants, les femmes enceintes, les vieux, les jeunes, tous rougissaient les eaux de l’Yonne de leurs sang. Rien qu’à lire ces lignes on a le goût métallique du sang dans la bouche et le cœur au bord des lèvres. Et puis, entre nous, l’histoire, ceux qui s’y intéressent avec misanthropie savent que ça ne sert à rien d’essayer de la diffuser, puisqu’elle se répète. Ou plutôt, cela les conforte ?

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Dans les chroniques des ‘’Chastellux’’ :
« Les seigneurs qui ont rejoint le protestantisme et ont été sensibles à la doctrine de Calvin, sont des hommes orgueilleux qui méconnaissaient l’infaillibilité de l’Eglise et se croyaient plus sages que le pape lui-même. Ils entraînaient leur race tout entière dans l’erreur. Ce fut dès lors que le catholicisme subit mille entraves dans toutes les terres et les maisons de ses seigneurs. »

Si vous aimez les histoires gore, vous pouvez lire « Les mémoires particuliers relatifs à l’histoire (…) », de Jean de Mergey (1536-1615).
En bas de la page 57, dont je vous livre un extrait, il est raconté par Michel de Castenau, les horreurs de ces jours de tuerie à Sens : « Les cruautés auxquelles se livra une troupe de forcenés conduite par un certain Hemard, lieutenant criminel de Sens… Une partie des habitants de Sens massacra l’autre. On vit figurer parmi ceux qui ordonnèrent cette boucherie, Guillaume Poissonner, archidiacre de la cathédrale de Sens. Ce fut la cloche de cette église qui, pendant plusieurs jours, invita au carnage et à la destruction puisque, même les vignes ayant appartenu aux protestants, furent arrachées….Quelque jours après ce massacre, le Roy se promenait avec sa cour aux Tuileries, au bord de la rivière, quand un corps flottant sur l’eau vint s’échouer sur le rivage. Comme le Roy demandait ce que c’était, un gentilhomme lui dit que c’était là un de ceux qui avaient été tués à Sens et qu’il venait demander justice. Mais le cardinal de Guise fit s’éloigner le Roy sous prétexte que c’était là une charogne et qu’elle empestait. Les réclamations du Prince de Condé furent infructueuses. »

Au début de l’année 1586, le gouverneur du comté de Montbéliard dresse les listes des réfugiés protestants français (le 6 janvier 1586).On y trouve Ferry de Crèvecœur, écuyer du Sire des Brosses et de Carizey, gendre de Monsieur de Vézines, logé chez Estienne La Grandfemme.
Le comte Frédéric de Montbéliard, désirant rétablir dans sa petite principauté la paix religieuse, troublée par les réfugiés français, organise, le 21 mars 1586, un colloque en son château. Théodore de Bèze (qui fut l’aumônier de l’armée de Condé) y participera mais ce sera une paix très très précaire.
Il y avait un édit de tolérance du culte protestant (l’édit du 17 janvier 1562, qui devait donner suite au colloque de Poissy de septembre 1561) qui n’avait pas été respecté (Massacre de Sens, du 12 au 20 avril 1562).

Guillaume Stuart défraie toujours la chronique puisque, dans « l’Yonne républicainee», nous vous invitons à lire l’article de M. Jean-Pierre Fontaine du 20 octobre 2018 : «gGuillaume Stuart, sieur de Vézinnes, a-t-il trahi ? » Mais, nous pensons que l’histoire de Guillaume et de Robert se confondent.

Théodore de Bèze (né à Vézelay le 24/06/1519, mort à Genève le 13/10/1605) était un ami de Guillaume et Robert Stuart de Vézinnes. Sémillant porte-parole du protestantisme, il succède au sombre Calvin. On rapporte qu’en 1563, Théodore de Bèze aurait fait une ‘’ boutade ‘’ ou une ‘’boulette’’ en disant « qu’Auxerre est une ville renommée pour la bonté de ses vins et la mauvaise vie de ses femmes ». Cette phrase est citée par un érudit local qui a écrit : « Origines des protestants dans le Sénonais, 1540-45 », et qui en déduit que cela prouve bien qu’il y avait des protestants dans le pays. C’est beau, non ?

Robert Stuart de Vézinnes est le mieux connu. D’une famille alliée aux rois d’Écosse et parent, par conséquent, de la Reine Marie-Stuart. Il ne put suivre son frère aîné le comte de Haran, lorsque ce seigneur, menacé dans sa liberté parce qu’il avait embrassé la Réforme, prit parti de retourner dans le pays de ses aïeux. Le jeune Robert fut arrêté en 1559 et conduit à Vincennes sous l’accusation d’avoir assassiné le président Minard et avoir comploté de mettre le feu à Paris pour délivrer Anne Dubourg et les autres prisonniers de la Mercuriale (voy t IV p. 336 d’E Haag). Selon La Popelinière (Lancelot du Voisin, né en Vendée vers 1541 et mort en 1608, homme de guerre, écrivain et historien), ce n’était là qu’un prétexte.
Brantôme (Pierre de Bourdeilles dit Brantôme, seigneur périgourdin de Saint-Crépin, militaire, ecclésiastique, écrivain, né vers 1537 et mort en 1614) nous dit « qu’on ne put jamais savoir le vrai » au sujet de ce meurtre.
Cela n’empêche pas Le Laboureur d’affirmer que Robert Stuart était l’assassin. Soumis à la torture, l’infortuné jeune homme n’avoua rien. Au mois de mars 1560, les Guise le firent transférer à la Tour, d’où il réussit à s’échapper (voy t. I p. 272). Lorsque la guerre civile éclata, Condé (Louis 1er né de Charles Bourbon de Vendôme, en 1530, chef du parti calviniste, fit ses premières armes sous le Maréchal de Brissac), qui connaissait Stuart comme homme plein de résolution et de courage, l’envoya en Angleterre pour presser la Reine de faire partir le secours qu’elle lui avait promis. Selon De Thou, qui l’appelle ici sieur de Vézines (Voy t II p.452, d’E Haag), il combattit à Dreux. Dans la seconde guerre, il se signala à la bataille de Saint-Denis, où il tua le Connétable de Montmorency, non pas traîtreusement, comme on l’en a accusé, mais dans un combat loyal, rendant coup pour coup. A la bataille de Jarnac, il tomba entre les mains des vainqueurs. Honorat de Savoie, marquis de Villars, l’ayant demandé au Duc d’Anjou, le mena à quelques pas du logis du prince, et le fit tuer de sang-froid, sous prétexte de venger le Connétable. Par représailles, les Protestants mirent à mort un gentilhomme catholique choisi parmi leurs prisonniers.

Dans les « Mémoires de la commission, société historique et littéraire du Cher » (1857-1864), on trouve répertoriés les actes suivants :
XXXI : le 13 mai 1551, confession de Robert Stuart (mise à la question).
XXXII : 14 mai 1551, instruction de Vervassal, envoyé à la cour pour rendre compte du complot de Robert Stuart.
XXXIII : 25 mai 1551, lettre d’Henri II à M. de Chemeaux, les quatre pièces sont relatives à la proposition faite au conseil d’Edouard IV par le nommé Stuart, d’empoisonner la jeune Marie Stuart. Le comte de Warwick livra sans difficulté ce misérable à l’autorité française. Le fait de ce complot était tout à fait connu.
XXXIV : 26 mai 1551, lettre de la reine d’Écosse à Chemeaux, remerciements à l’occasion du complot de Robert Stuart.
Il est quelquefois difficile de faire la distinction entre l’oncle et le neveu.

Dans l’« Histoire ecclésiastique des églises Réformées (…) » (t II p. 239) : devant Corbeil , en 1575 ou 1576, « le Prince (Condé) accorda une suspension d’armes (…). Les ennemis mesme se moquoient de cela, tirans canonnades sur le camp du Prince, de l’une desquelles le sieur de Stuart, Escossois, receut un coup, le plus grand qu’homme receut jamais sans mourir, au dedans de la cuisse, dont il guérit si bien, que depuis mesmes il n’en clochait point. »

Plus loin dans la même revue : « Robert Stuart fut soupçonné de vouloir mettre le feu à plusieurs quartiers de Paris afin que pendant que l’on cherchait à l’éteindre, il libérât les protestants des prisons. Il fut dénoncé par le procureur général Bourdin. Il fut mis en prison où on le mit à la question fin décembre 1559. Mais il n’avoua rien. En mars, on le transféra à Tours. Il s’échappa de la prison en juillet et écrit une lettre piquante au Cardinal de Lorraine (Guise). Il continua à servir avec zèle les protestants. » Le Laboureur doute que Stuart, qu’il appelle Jacques et qu’il nommait Robert (oui, bon, faut arriver à suivre…) fut de la maison royale des Stuart. Il croit que cette maison a usurpé le nom de la grande maison à laquelle il était attaché et où on l’agréait, et mentionne que ce même Robert fut tué à la bataille de Jarnac (1569)…

C’est un vrai roman !…

On retrouve le point de vue catholique sur la mort de Montmorency, écrite par un M. Fleuri, dans la revue « Histoire Ecclésiastique » (tome 33 « au livre 100 suite 2 », p. 109 ), où il est dit :
« Le Connétable (Montmorency), qui eut son cheval tué sous lui, ayant été remonté par le baron d’Oraison, lieutenant de ses gens d’armes, fut blessé d’un coup de mousquet au visage et aussitôt enveloppé de tous côtés. Il fut fait prisonnier par Robert Stuart, seigneur de Vézines. »

Dans « Collection des mémoires particuliers relatifs à l’Histoire (…) » par Jean de Mergey (1536-1615), on trouve écrit : « Monsieur De Thou veut que le connétable se soit rendu à Robert Stuart, seigneur de Vézines et que Théodore de Béze l’affirme aussi. »

Catherine de Médicis, dans une de ses lettres publiées par Michel de Castelnau ( p 201), attribue cette prise au sieur De Bussy, et ajoute qu’au surplus, les deux conviennent (de Thou et de Bèze) que le prince de Porcien ( en Champagne, titre relevé depuis 1826 par la maison Grimaldi souveraine de Monaco), qui eut fort à se plaindre du Connétable, contribua beaucoup aux égards qu’on eut pour lui.

Dans le « Dictionnaire de la noblesse » (t. 10), par de la Chenaye (Debois et Badier ed. 1863/1876) :

Page 866 : HUM (nous allons résumer)
Georges II, comte de Hum, est auteur de la branche française. A peine sorti de l’enfance, il déplut à Jacques V (frère de ce roi qui avait conçu contre eux une haine implacable) parce qu’il était neveu des Douglas, qui prétendent au trône. L’ayant fait mettre en prison pour être tranquille, il refuse constamment à Alicie Douglas, malgré l’estime qu’il a pour elle, la liberté de son fils. Mais ce dernier s’évade, et se réfugie auprès de son frère cadet qui a succédé au patrimoine de son père. Georges passe en France au commencement du siècle 1500, avec Robert Stuart, son parent, seigneur d’Aubigny, Maréchal de France, Prince de la maison royale d’Écosse. Ayant servi longtemps dans la compagnie des 24 gentilshommes de la garde de François 1er, dont il obtient des lettres de naturalisation sous les nom et armes de Hume en juin 1534, enregistrées le 13 novembre. Hum avait acheté en arrivant la terre de Chérisy-sous-Montréal (en Bourgogne), ce qui a fait joindre ce nom à celui de Hum. Il avait épousé le 20 mars 1531 Anne de Boissière de Santigny, de laquelle il eut Antoine, comte de Hume de Chérisy, seigneur de Chérisy, Montomble, Savilly, gouverneur de Montbéliard et de Flavigny, lequel épousa le 1er juillet 1571, Martine Stuart, dame de Quincenot, Censy… nièce du Maréchal d’Aubigny et en présence de Robert Stuart seigneur de Vézinnes, son frère.

Nous avons retrouvé dans « Note sur l’histoire de la chapelle noire, dans la cathédrale d’Orléans » par le chanoine Brun : "La chapelle de Notre Dame de la Compassion aurait abrité Jean Stuart, connétable d’Écosse, tué à la journée des Harengs en 1429, et sa femme Elisabeth, décédée au château d’Aubigny."

Il est difficile, après tout cela d’avoir des doutes sur l’ascendance des Stuart de Vézinnes !

 

(Après cette enquête pleine d'incertitudes, voire de contradictions, la suite du dossier se trouve en cliquant sur :
- II L'Auld Alliance : histoire des relations diplomatiques et militaires entre France, Ecosse et Angleterre ;
- III Vézinnes et la Garde écossaise : les Ecossais dans les armées françaises;
- IV Histoire de Vézinnes : le château des Stuart dans son cadre géographique.)

 

 

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